Ambiances, enseignement et recherche
Résumé
La thématique des ambiances s'est développée en France depuis une quarantaine d'années. A l'origine, divers laboratoires de recherche architecturale et urbaine s'étaient ouverts à la notion d'ambiance, en particulier ABC de l'école nationale supérieure de Marseille, le CERMA de Nantes, le CRESSON de Grenoble, le GRECAU de Bordeaux et Toulouse, et le MAP-CRAI de Nancy, chacun développant une sensibilité de recherche propre, plus physique et modélisatrice pour les uns, plus sensible et sociale pour les autres. Ces équipes ont participé à l'émergence d'un réseau de recherche français en la matière. En 1998 a été fondée l'UMR « Ambiances architecturales et urbaines » composée des équipes CERMA de Nantes et CRESSON de Grenoble. Depuis lors ce laboratoire a joué un rôle fondamental dans le développement de cette thématique. Sous l'impulsion de Jean-François Augoyard et Jean-Pierre Peneau, un diplôme d'études approfondies « Ambiances Architecturales et Urbaines" a été créé, qui a duré une quinzaine d'années (1992-2006) et a formé une grande partie des enseignants-chercheurs qui ont, par la suite, intégré l'enseignement des ambiances au sein de leurs cursus. Cette formation a permis d'articuler étroitement des questions de recherche et de pédagogie. Dans les écoles d'architecture, la « maîtrise des ambiances » a fait partie des enseignements classiques après 1968. Il s'agissait de caractériser un environnement construit du point de vue physique, d'analyser la propagation des signaux au sein d'un espace construit. A cette approche classique s'est substituée progressivement une conception plus interdisciplinaire, donnant droit de cité à la perception sensible, à l'expérience esthétique et aux pratiques sociales. L'ambiance se situe ainsi aujourd'hui au croisement des sciences pour la conception, des sciences sociales et des sciences pour l'ingénieur. Les travaux réalisés en matière d'ambiance et la pédagogie qui en découlent couvrent un très large spectre thématique et s'appuient sur une grande variété de méthodes. Ils vont de la caractérisation physique des ambiances architecturales à une socio-esthétique de l'expérience située, de l'expérimentation de dispositifs matériels à la fabrication de prototypes à l'échelle 1, d'une écologie sensorielle des espaces publics urbains à une conception sensible des espaces architecturaux, de l'étude de situations urbaines très ordinaires à celle de lieux ou d'architectures remarquables. Autant de questionnements de nature interdisciplinaire qui irriguent l'enseignement de l'architecture et introduisent l'expérience sensible au sein des processus de conception architecturale et urbaine. A l'articulation du sensible, du social, du construit et du physique, l'ambiance conduit également à développer des méthodes originales, qu'elles relèvent d'outils d'enquête in situ (parcours commentés, observation récurrente, transects urbains, réactivation sonore, ethnographie sensible), d'outils de simulation et de modélisation (modélisation des phénomènes physiques ambiants, modèles morphodynamiques, expérimentations en réalité virtuelle) ou d'outils d'analyse transversaux (effets sonores, formants sensibles, objets ambiants, patterns ambiants). Enseignées aux étudiants, ces méthodes constituent autant d'outils opératoires permettant de saisir la complexité d'un environnement construit dès lors qu'il est saisi en termes sensibles. L'approche des ambiances oeuvre à la prise en compte du domaine sensible dans les manières de penser et de concevoir les espaces habités. Elle se situe à l'interface de la recherche et de la fabrique et permet tout autant de mener l'enquête que de faire projet, d'analyser la ville sensible (puissance heuristique) que de la façonner (puissance opératoire). Une ambiance est toujours située, rapportée à un cadre matériel et ancrée dans un espace-temps concret. C'est ainsi qu'on parle volontiers
Origine | Fichiers produits par l'(les) auteur(s) |
---|