De la métraduction à la transculturation : musique et « oralité populaire » dans Concierto barroco d’Alejo Carpentier
Résumé
This paper uses an analysis of some of the musical motifs in Alejo Carpentier’s novel Concierto barroco to explore two of the logics at play in this text: the historical logic and the translation logic. By setting Carpentier’s critical remarks against the reflections of the translator and translation researcher Antoine Berman, the objective is to show how the “challenge” of translating this book, like other Latin-American novels, into French can be likened to a “linguistic and cultural desencuentro” that echoes the inaugural scene at the center of Concierto barroco’s story, that is, the face-off between Cortez and Montezuma. Viewed in this way, Carpentier’s short novel highlights the importance of reappraising the relationship between translation and history in order to give justice to the multi-ethnic mixing that inflames both this book and many other Latin-American novels.
Cet article est consacré au roman Concierto barroco d’Alejo Carpentier. À travers l’analyse de quelques motifs musicaux, il s’agit de manifester deux logiques à l’œuvre dans ce texte : la logique historique et la logique de la traduction. En faisant dialoguer des remarques critiques de Carpentier et des réflexions du traducteur et traductologue Antoine Berman, l’objectif est de montrer comment le « défi » représenté par la traduction de ce roman en français, comme d’autres œuvres littéraires latino-américaines, peut être rapporté à un « desencuentro linguistique et culturel » qui fait écho à la scène inaugurale au cœur de l’intrigue de Concierto barroco, à savoir le face-à-face entre Cortés et Montezuma. Le bref roman de Carpentier devient par là même une invitation à repenser la traduction dans sa solidarité avec la logique historique pour rendre justice à la créolité ou au polymétissage qui innervent ce texte ainsi que d’autres romans latino-américains.