Nutrition et maladie respiratoire chronique
Résumé
Les habitudes alimentaires et la composition corporelle peuvent intervenir comme facteurs de risque ou facteurs protecteurs de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). En cas de dénutrition, marquée par un indice de masse corporelle (IMC) < 21, les mécanismes associent à des degrés divers, anorexie et/ou augmentation de la dépense énergétique eux-mêmes secondaires au désavantage mécanique, à l’inflammation, au stress oxydant et à l’hypoxémie. Les conséquences de la dénutrition sur les capacités physiques et les possibilités d’interventions sont revues dans ce chapitre dans le cadre de la réhabilitation respiratoire. Aux côtés de patients dénutris, de plus en plus de patients avec BPCO sont en surcharge pondérale associée à une insulinorésistance et ses conséquences métaboliques. Néanmoins, il est acquis qu’un poids élevé a un rôle plutôt protecteur en terme de survie chez le patient avec BPCO et ce d’autant plus que la maladie respiratoire est sévère. La BPCO est une maladie générale qui s’intègre dans un « syndrome chronique systémique inflammatoire » qui associe au moins 3 des 6 critères suivants : âge > 40 ans, tabagisme avec symptômes respiratoires et fonction respiratoire compatible avec une BPCO, insuffisance cardiaque chronique, résistance à l’insuline et augmentation de la CRP sérique. Le risque vital est engagé en cas d’un IMC < 21 au cours de la BPCO et surtout en cas de perte de poids. En plus des paramètres respiratoires tels que la dyspnée et le degré d’obstruction, l’IMC, la masse maigre (masse non grasse en impédancemétrie) et le périmètre de marche de 6 minutes sont nécessaires pour définir le pronostic vital. L’intervention nutritionnelle a fait ses preuves en termes de composition corporelle, de tolérance à l’effort voire de survie lorsqu’elle est intégrée dans un programme de réhabilitation respiratoire permettant une reprise d’au moins 2 kilos. Il reste à mieux comprendre les mécanismes et définir les thérapeutiques capables de moduler l’inflammation systémique et/ou l’hypoxémie en cas de non réponse à ces interventions multimodales si l’on veut changer l’histoire naturelle de cette maladie générale. Enfin chez les patients obèses avec BPCO, population dont l’incidence augmente, les recommandations nutritionnelles, en dehors d’éviter la prise de poids, ne sont actuellement pas établies.