Les plaintes des chevaliers dans le Tristan en prose
Résumé
Le monologue plaintif du chevalier amoureux constitue un motif répétitif et spécifique dans le Tristan en prose. Les chevaliers les plus vaillants se trouvent tous à un moment ou un autre dans cette situation et la scène se termine toujours par un dialogue polémique avec un auditeur indiscret qui les tance sévèrement pour ce laisser-aller. C’est pour le narrateur l’occasion de longs monologues, genre jusque là encore inconnu en prose, qui constituent une pause lyrique dans le récit des joutes et des quêtes. Ces tirades font office de morceaux de bravoure qui brisent la monotonie d’un récit corseté par une prose simple, voire terne. Elles ne visent guère l’originalité et les propos sont interchangeables. La rhétorique qui s’y déploie est toute entière de l’ordre de l’ornement lyrique et utilise toutes les possibilités d’amplification et de figuration que décrivent les Arts poétiques contemporains, développées en formules récurrentes à partir d’une topique courtoise traditionnelle.