S’il est de coutume d’attribuer le faible degré de présence du numérique en contexte éducatif à des facteurs exogènes comme le manque ou l’insuffisance de formation, de soutien, d’équipement, etc., une autre raison, endogène celle-­ci, est de plus en plus souvent évoquée, à savoir la prégnance de la forme scolaire. Constituée d’un ensemble de règles héritées du XVIème-­XVIIème siècle, qui fixent les conditions générales de l’enseignement­-apprentissage à l’école, la forme scolaire serait incompatible avec le numérique. Mais est­-ce vraiment le cas ? Si oui, dans quelle mesure exactement ? C’est à ces questions que je me propose d’apporter une réponse dans cette intervention, à partir de l’analyse d’un corpus d’échanges recueilli dans une formation professionnalisante à distance de niveau master. Les étudiants, enseignants novices ou en activité, devaient se prononcer dans un forum de discussion sur l’incompatibilité supposée entre culture scolaire et numérique. Je montrerai, après avoir proposé une définition de la forme scolaire, que dans la majeure partie des cas il n’existe pas pour les personnes en formation de contre-­indication à l’intégration du numérique, tout du moins lorsque ce dernier vient renforcer la forme scolaire. Dans le cas contraire, les contradictions qui apparaissent sont parfois l’occasion de formuler des propositions qui visent, de manière plus ou moins marquée, à dépasser la forme scolaire.