Le Roman de Perceforest est un énorme roman médiéval en treize tomes qui raconte la conquête et la civilisation de la Grande-Bretagne par les protégés d’Alexandre le Grand. Écrit au XVe siècle dans le contexte bourguignon, il se donne pour ambition de tracer un pont entre les exploits du héros macédonien et les chevaliers arthuriens en racontant l’instauration de la civilisation dans une terre sauvage et sa progressive christianisation. Le récit, qui s’étend sur quatre générations, est construit sur une opposition spatiale entre un centre tenu par le roi éponyme et une périphérie sauvage qui sera peu à peu civilisée. Les chevaliers errants tissent au fil de leurs voyages les voies de la civilisation en même temps qu’ils apprennent dans les épreuves rencontrées à donner le meilleur d’eux-mêmes. Cette opposition est brutalement remise en cause dans la quatrième partie du roman quand la brillante civilisation du roi Perceforest est détruite par les Romains et ne se rebatit qu’à grand peine en attendant l’instauration du culte du Dieu Souverain. Dans cette tension entre les espaces civilisés et les espaces sauvages, les îles constituent une zone à part : elles sont d’abord un cadre exotique pour le merveilleux médiéval qui s’y déploie et les chevaliers qui s’y trouvent y rencontrent des aventures étonnantes qui ne dénoteraient guère dans les récits de voyage en Inde. Mais les épreuves auxquels ils se confrontent leur permettent de découvrir des merveilles qui sont autant d’étapes vers la révélation divine.