Commentaire de la peinture et commentaire de la littérature
Résumé
Les programmes de français du secondaire, qui invitent à pratiquer la lecture de la peinture en lien avec la lecture analytique du texte littéraire, nous semblent présupposer l’identité des deux activités, ce que nous interrogeons dans cette étude. Nous nous appuyons sur une enquête réalisée auprès d’enseignants de français, sur des commentaires littéraires et picturaux rédigés par des élèves de troisième et de seconde, et sur des entretiens post-passation. Pour les deux exercices, les enseignants attendent des élèves qu’ils conçoivent un sens pluriel, appuyé sur une analyse fine de l’oeuvre et sur des savoirs culturels diversifiés. Ils constatent une facilitation de l’accès à ces attendus par la peinture, ce que notre analyse des commentaires des élèves confirme : si les exigences culturelles posent davantage de difficultés, les opérations cognitives y sont plus proches des attendus, de même que l’engagement subjectif et la conception de l’objet sous-tendant le travail. Cet écart en faveur de la peinture se creuse dans les collèges défavorisés. Nous expliquons ces différences par les spécificités sémiologiques des deux
arts mais aussi par des malentendus sociocognitifs, plus profonds sur la littérature. De sorte que le transfert au commentaire littéraire des apprentissages réalisés en commentaire pictural ne peut pas aller de soi.