La nature au bord de la route, le cas des jardins partagés de l’agglomération grenobloise (38)
Résumé
Les infrastructures de transport traversent des milieux naturels e
t habités qu’elles
ne peuvent désormais plus ignorer. Réciproquement, les milieux réagissent de
manière spécifique à cette présence des infrastructures
de transport terrestres
. La
cohabitation de ces contextes singuliers n’est pas sans poser problème au re
gard de
le
ur devenir et de leurs qualités
:
c’est en ce sens que la «
nature
» au bord de la
route
va être
abordée
dans cette recherche.
En s’appuyant sur des situations
existantes
–
l
a présence
de jardins
collectifs
en
bord de route
-
nous cherchons à e
n mieux évaluer l’impact
écologique, social et
ambiantal.
S’il existe de nombreuses études sur les jardins
collectifs
ou sur certains
aspects de la nature en bord de route, nous n’en connaissons pas sur ce sujet
spécifique.
Comme on le verra, ces jardins r
ésistent de manière fragile
à la pression
foncière,
paraissent bien
précaire
s face à la puissance des infrastructures et du fait
de leur exposition aux nuisances,
mais
subsistent
obstinément
dans
un contexte
difficile et envahissant. En même temps, leur pr
ésence atteste d’un certain
attachement, d’une appropriation soignée, et n’est pas sans effet sur la perception
sensible des bords de route.
Cette recherche
interroge
alors
l’hypothèse d’un
développement possible
, voire souhaitable,
de ces
jardins
dans le
cadre d’une
requalification
des territoires situés au voisi
nage des infrastructures
.
E
n cela cette recherche part d’une intention de projet, embryonnaire et intuitive
,
mais basée sur des usages existants, et
appelant
,
précisément
,
l’élaboration de
connai
ssances spécifiques pour en tester les modalités et
les
conséquences
.
Par ce
positionnement épistémologique de la recherche
, nous adhérons à l’idée de «
projet
comme producteur de connaissances
»
, comme moteur et hypothèse de recherche.
La recherche util
ise alors des méthodes et connaissances propres pour tester cette
hypothèse
, en découvrir les limites et les potentialités, entraîner des acteurs et des
chercheurs à se rencontrer, même si leurs perspectives sont différentes
, voire
parfois contradictoires
.
L
’hypothèse
de travail
initiale
n’e
st
pas sans lien avec le fait que d
epuis plusieurs
années, la question de l'environnement
naturel
et de l'écologie prenne
une
importance
centrale
dans le débat sur la ville et son futur. Le rapport économiqu
e et social (2007) sur la nature dans la ville et la biod
iversité
dans
l'urbanisme pointait déjà
un certain nombre de questions et de tendances
dans les
projets
. Une grande inventivité se manifesterait ains
i sur le terrain en matière de
gestion de la bio
diversité
:
développement des jardins familiaux, gestion des friches
et délaissés, réhabilitation des petits cours d’eau urbains, agencement de corridors
biologiques
. Elles ne sont pas sans impacts sur la forme des territoires urbains.
Les
communes et leur
s groupements, les départements et les régions sont amenés à
développer des instruments de connaissance et de gestion des milieux naturels et de
la biodiversité. Des pistes d’améliorations seraient avancées par les acteurs du
milieu associatif et les élus
en proposant de nouveaux instruments tels que la
constitution d’un réseau écologique national ou de parcs naturels urbains,
alimentant ainsi le débat public. La nature prendrait ainsi une
nouvelle
dimension
dans la ville. D’une part, une gestion écologique
des espaces verts urbains
s’imposerait. D’autre part la notion de services écologiques et la nécessité de
continuité écologique se manif
estant par la constitution de trames vertes
impliqueraient « de situer la ville dans la nature », plutôt que l’inverse
.