Paroles données, paroles rendues : la fabrique de la ville à l'épreuve des usages - Université Grenoble Alpes
Article Dans Une Revue Vies des villes, trimestriel de l'architecture et de la ville Année : 2011

Paroles données, paroles rendues : la fabrique de la ville à l'épreuve des usages

Résumé

S’intéresser à la fabrique ordinaire de la ville nécessite bien souvent de recueillir ce que l’on peut appeler le récit du lieu. Ce récit, tout en étant à chaque fois singulier, n’est jamais un. Par nature, il est pluriel et polyglotte. Il s’intéresse aux pratiques et aux ambiances. Il mélange passé, présent et futur et nous renseigne, habitants, décideurs comme concepteurs sur ce qui fait le quotidien urbain, pour soi, tout autant que pour les autres. Si, pour beaucoup, recueillir ces récits n’est pas encore du projet, c’est au moins une mise en situation d’écoute, de réflexion et d’énonciation de son territoire et c’est, pour quelques-uns, déjà être « en projet ». À cette fin, de nombreuses méthodes ont été formalisées, issues le plus souvent de la recherche architecturale et urbaine : parcours commentés, observation récurrente, techniques de réactivation… Le récit pouvant passer alors par la parole, la photo, le dessin, la vidéo ou même l’expression du corps. Chaque lieu, chaque contexte de projet et d’acteurs, devient l’occasion d’éprouver et de modifier des méthodes pour collecter et faire se rencontrer les perceptions et les représentations de chacun. Cette parole tout à la fois ordinaire et experte nous est donnée le plus souvent in situ ; le lieu intervient alors comme un tiers entre le récitant et l’enquêteur. Ces méthodes ne sont pas en soi des outils de concertation, mais elles permettent d’abord d’énoncer les caractéristiques d’un site avec ses ambiances et de ses pratiques, révélant par là même les éléments de son patrimoine ordinaire. Elles permettent ensuite dans le rendu de ces paroles une connaissance entre acteurs des représentations et des enjeux de chacun (maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’oeuvre, maîtrise d’usage). Elles permettent enfin, par leur synthèse, de dégager des enjeux, de repérer des leviers et d’inventorier des idées pour le projet. Mais ces paroles données prennent un sens tout particulier lorsque quelque temps après, elles sont rendues matériellement à leur « propriétaire » et cela selon trois régimes : la retranscription de son propre récit (texte intégral, photos prises, etc.), la mise en forme des éléments du récit des autres (abécédaire, albums photos commentées, parcours polyglottes, etc.) et la synthèse thématisée dégageant caractéristiques et enjeux pour le lieu. L’attention à ces paroles ordinaires, la possibilité de se relire, de lire les paroles des autres et de réagir à nouveau transforme l’enquêteur comme l’enquêté. Ne serait-ce pas aussi du projet ?Nous discutons ci-après du rôle du récit dans le processus de rénovation urbaine en s'appuyant sur l'expérience de différents projets menés sans le cadre du collectif BazarUrbain (Lauréat du Palmarès des jeunes urbanistes 2007 – Ministère de l’Ecologie - France). Et en particulier à partir d’un projet de rénovation d’un quartier urbain quelque peu déshérité dans le Nord de la France à Hem, pour lequel ont été entreprises une action de récitation, une action d’exposition et une action de conception.
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Origine Accord explicite pour ce dépôt

Dates et versions

hal-00995534 , version 1 (19-05-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00995534 , version 1

Citer

Jean-Michel Roux, Nicolas Tixier. Paroles données, paroles rendues : la fabrique de la ville à l'épreuve des usages. Vies des villes, trimestriel de l'architecture et de la ville, 2011, 16, pp.84-88. ⟨hal-00995534⟩
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