Comment expliquer cette étonnante capacité de la question environnementale à déstabiliser les expertises les mieux établies, les savoir-faire des professionnels et les certitudes politiques ? Nous tenterons de répondre en utilisant nos recherches sur l'élaboration de la Directive Territoriale d'Aménagement des Alpes-Maritimes et l'émergence des politiques alpines. Notre hypothèse de départ est la suivante : nous définirons l'environnement comme ce qui a été externalisé par les aménageurs et leurs expertises ; la question environnementale correspondra donc ici au retour des externalisés et des risques qui leur sont associés. En nous appuyant sur l'exemple du fleuve Var dans l'agglomération niçoise, nous analyserons les raisons pour lesquelles la question environnementale ne parvient pas à trouver sa place dans les procédures et politiques existantes. Cette réflexion nous permettra de préciser ensuite les conditions d'émergence d'une " cosmopolitique ", une politique écocentrée, ce dont témoigne le tournant environnemental des politiques dans les Alpes.