La traductique en débat : émergence et usages d’un néologisme
Résumé
The French neologism “traductique” (resulting from the blending of “ traduction” [translation] and “informatique” [computer science]) was coined and first used by the French-Speaking academic community in the second half of the 1980s. The concept to which it refers is then discussed, echoing the debates which took place with the emergence of “translation studies” (“traductologie”) as a separate discipline. In this paper, we highlight two competing visions of “ traductique” by briefly reviewing the diffusion of this neologism that Antoine Berman was “ the first to actively promote” (Collectif 1988) before it was used in a completely different research and development context (L’Homme 1988 ; 1999). We then observe that the divide between “traductique” and “traductologie” reaffirms the long-standing distinction between literary and specialized translation while the coining of “ traductique” also draws attention to a cross-cutting issue, as shown by Elmar Tophoven’s research on literary translation. Given this contradiction, we argue that the trajectory of the neologism “ traductique” is driven by the question of the tipping point between a feared convergence and a successful convergence of translation and computer science. As such, this neologism pointed out the intrinsically technical aspect of translation while emphasizing the risks of its industrialization (Stiegler 1987).
Le néologisme « traductique » apparaît et commence à circuler
dans la deuxième moitié des années 1980. Le concept qu’il désigne
fait alors l’objet de débats en écho à ceux ayant accompagné l’apparition
du néologisme « traductologie ». Nous cherchons ainsi à
dégager deux visages de la traductique en revenant brièvement
sur la diffusion de ce néologisme qu’Antoine Berman aurait été
« le premier à défendre activement » (Collectif 1988) avant qu’il ne
soit repris dans une toute autre optique de recherche et développement
(L’Homme 1988 ; 1999). Nous observons ensuite comment
la ligne de partage entre traductique et traductologie semble renforcer
la distinction ancienne entre traduction littéraire et spécialisée
alors que la traductique contribue par ailleurs à faire
émerger une préoccupation transversale aux différents genres
de traduction comme en témoignent les recherches d’Elmar
Tophoven. Face à cette contradiction, nous montrons, enfin, que
la trajectoire du néologisme « traductique » est traversée par la
question du point de bascule entre une convergence redoutée et
une convergence heureuse entre traduction et informatique, son
apparition ayant permis de rappeler le caractère « d’emblée technique
» de la traduction tout en soulignant les risques liés à son
« devenir industriel » (Stiegler 1987).