En mettant en scène, sous la forme d'un journal, l'enquête d'un libraire progressivement obsédé par le masque et l'histoire de celle que l'on a appelée "l'Inconnue de la Seine", Didier Blonde interroge la force d'attraction exercée par cette figure à travers l'histoire littéraire, ainsi que les ressorts insidieux des tentatives visant à lui arracher son prétendu mystère. Nous tentons donc ici d'explorer la façon dont Didier Blonde, en inscrivant l'imaginaire de la jeune noyée dans un ancrage parisien résolument contemporain et en replaçant cette démarche d'écriture au sein d'une intertextualité nourrie, questionne la puissance des fantasmes que le masque suscite. Si l'esthétisation propre au mythe est mise en déroute par l'épreuve du réel, cette quête d'identité menée par le narrateur court toujours le risque d'une appropriation jalouse et paternaliste de la jeune noyée. Il s'agirait donc plutôt de réhabiliter une écriture de l'enquête, lucide quant à sa part de fantasme, humble dans son impossible achèvement et enthousiaste face aux diverses lignes de fuite ouvertes par la fiction.