Au rebours d’une représentation médiatique souvent caricaturale, dépréciative et surplombante, et d'une longue invisibilité dans la littérature française, le lotissement pavillonnaire s'est vu pleinement investi ces dernières années par la littérature française contemporaine, si l'on pense aux textes de Sophie Divry ("La condition pavillonnaire", 2014), Fanny Taillandier ("Les États et Empires du Lotissement Grand Siècle", 2016) et Julia Deck ("Propriété privée", 2019). Loin de tout idéalisme, ces fictions dressent un tableau souvent critique des modalités d'existence propre à l'habitat pavillonnaire. Ce faisant, elles proposent une ressaisie méticuleuse de la matérialité même de ces modes d'habiter contemporains. Il s'agit donc ici d'interroger les différentes stratégies fictionnelles et discursives déployées par ces trois autrices afin de donner à éprouver au lecteur toute l'épaisseur des pratiques d'habitation pavillonnaires. Nous mettons ensuite au jour les mécanismes textuels par lesquels elles s'emploient, à travers le prisme de cet habiter périurbain, à tendre un miroir critique afin de questionner, plus largement, les modes d'habiter de la société capitaliste contemporaine.