La traduction entre extractivisme et « écologie machinique »
Résumé
Le tournant écologique de la traductologie apporte un nouvel éclairage sur le rapport entre la traduction et les technologies. La notion d’extractivisme, issue du domaine environnemental, permet ainsi d’affiner un regard critique sur l’extraction massive de données de traduction qui constitue l’un des leviers de l’industrialisation du secteur et fait peser des risques sur son avenir (Cronin 2017). Après être revenu sur les conséquences de l’extractivisme en traduction, nous examinons deux autres notions issues du domaine environnemental (biens communs et recyclage) dont des traductologues (Cronin 2017; Moorkens et Lewis 2019; Larsonneur 2021) se sont inspirés pour proposer un rééquilibrage de l’écosystème bouleversé du secteur. Enfin, les hypothèses d’une « traduction augmentée » (Mihalache 2021) et d’une « écologie machinique » (Guattari 1989 et Cronin 2021) sont envisagées en tant qu’elles suggèrent une redéfinition du rapport entre la traduction et la machine, intégrant l’expertise numérique dans une conception étendue du savoir-faire.