Lieux communs, refuges narratifs ?
Résumé
Le Rouge et le Noir, lu en tant que « récit de vie », peut être rapproché des Mémoires du temps de Stendhal, notamment des Mémoires d’un père de Jean-François Marmontel, ouvrage dont s’inspire le début du roman comme d’un contre-modèle. Le roman de Stendhal s’attaque, à travers la peinture de ses lieux et milieux, aux lieux communs et à l’esthétique d’embellissement très présents dans les Mémoires de Marmontel tout comme dans nombre de récits édifiants des XVIIIe et XIXe siècles. En s’affrontant à ces modèles autobiographiques, le roman met en débat la forme biographique tout en l’adoptant, afin de penser les « leçons » à tirer d’un récit de vie. Stendhal construit son roman contre le geste d’allure paternelle commun à nombre de Mémoires de son époque, fondé sur la transmission d’un savoir et d’une morale, et lui oppose un programme poétique alternatif et critique.