L’étude de la transitivité à travers les deux phénomènes de formation de verbes causatifs lexicaux (l’AD et la TC) montre que la transitivité n’est pas une donnée, c’est un construit. Nous rejoignons Lazard (1998 : 76) qui souligne la valeur heuristique d’une conception scalaire de la transitivité, largement attestée à travers les langues. Une conception qui concilie les paramètres morphosyntaxique et sémantique de la transitivité est nécessaire surtout dans une perspective de linguistique générale et de typologie des langues. Les causatifs lexicaux permettent d’affiner la notion syntaxico-sémantique de transitivité scalaire. Plus généralement, notre étude confirme le constat de Riegel (2002 : 24), à savoir que « [l]e fait proprement syntaxique qu’un verbe régisse tel ou tel nombre de compléments ou tel type de complémentation est fondamental, déterminé par son sémantisme […]. A tous les niveaux de l’architecture de la phrase, les configurations syntaxiques sont les vecteurs de relations sémantiques très générales (prédication, détermination, quantification) spécifiées par l’investissement lexical de leurs positions argumentales ». L’étude plaide aussi en faveur d’une prise en compte de la grammaticalisation et du changement linguistique dans l’analyse de ces faits de langues complexes.