Si les mécanismes de mobilité résidentielle et de renouveau démographique dans les espaces ruraux sont aujourd'hui relativement bien connus, la combinaison complexe de spatialités qu'ils engendrent reste à approfondir. En présentant les résultats d'une série d'enquêtes menées dans le Royans, canton rural de la Drôme, notre étude vise à explorer les modes d'habiter à l'œuvre dans une espace d'interface pour en saisir les modalités, et proposer une analyse renouvelée des ruralités contemporaines. Les spatialités résidentielles mises à jour permettent dans une première partie d'approfondir le débat sur la dialectique entre "territorialité" et "inter-territorialité" en dépassant la fabrique institutionnelle du territoire. Il s'agit de voir, dans les mouvements d'installation, des typologies de mode d'habiter l'espace rural qui dessinent les modalités sociales de construction d'un attachement au lieu et organisent une coexistence originale sur un espace rural d' "entre-deux". La seconde partie part du constat d'une labilité des constructions spatiales, pour finalement montrer l'émergence d'une figure transactionnelle de l'espace rural, où les formes de territorialité mobile et l'affirmation d'une recherche de proximité géographique mettent en scène une pratique croisée de l'espace entre repli sur soi et altérité. À l'échelle du Royans, ces "comportements spatiaux" invitent à reconnaître la fabrique d'un centre de gravité original sur le gradient ville-campagne, révélé par de nouvelles formes de cohabitation.