À travers une étude de la genèse de ce récit de Balzac, des modulations de sa scénographie et des transformations, qu'il orchestre, de la figure auctoriale, cet article s'interroge sur la généricité (J.-M. Adam et Ute Heidmann) de la nouvelle à l'ère de la " démocratie littéraire " (Sainte-Beuve). Fortement réflexive, la nouvelle de Balzac nous informe à la fois sur une pratique du genre et sur le savoir que ce dernier élabore sur lui-même. En tant que métatexte, elle raconte la mutation que connaît le genre dans les années 1840 : elle nous fait assister à un double travail de transformation, et de redéfinition. Affectée, comme la littérature tout entière en cette première moitié du XIXe siècle, par le passage d'un âge du discours à un âge de la textualité, la nouvelle se ressource fortement dans son exigence fondatrice d'oralité dans le temps même où elle doit y renoncer. Elle ne se confond donc pas, ici, avec le conte - elle ne le ressuscite, convoquant la mémoire de la forme courte, que pour le perdre. La définition qu'elle propose d'elle-même, au terme d'une interrogation sur son positionnement générique qui l'amène également à questionner ses frontières, nouvelles, avec le roman, est celle d'un court récit (conté) textualisé... En ces années qui la mènent vers son autonomie, la littérature, on le voit à travers cet exemple d'un récit qui revendique l'appellation de " nouvelle ", s'interroge sur les dénominations qui lui permettent de se penser, et sur la configuration du système des genres.