Le droit des exilés. Généalogie du droit d’asile au XVIIe siècle
Résumé
Le droit d’asile n’a pas toujours été un droit de protection des personnes innocentes et persécutées par un pouvoir coercitif. Jusqu’au XVIIIe siècle, il était associé au droit pénal et offrait à une personne poursuivie par la justice une immunité lui permettant d’échapper pour un temps à sa peine. Comment cette transformation d’un droit des coupables à un droit des innocents s’est-elle opérée ? S’appuyant sur des sources en partie inédites, cet ouvrage, à la croisée de l’histoire du droit et de l’histoire des émotions, s’interroge sur cette modification profonde en partant de la « crise des réfugiés » du XVIIe siècle, qui jette sur les routes des milliers de personnes persécutées pour des raisons religieuses. Les fugitifs dispersés dans plusieurs pays d’Europe forgent un langage de l’exil et élaborent la figure compassionnelle du réfugié souffrant au nom de sa foi. C’est sur elle que les juristes s’appuient pour l’ériger en un problème politique et penser un « droit des exilés ». Ce droit de recevoir des personnes en fuite, qui naît dans l’Allemagne protestante, ouvre un chapitre sans précédent et transnational du droit des gens.