, me croyais à la fois un Saint-Preux et un Valmont [?], moi qui, me croyant une disposition infinie à aimer et être aimé, croyais que seule l'occasion me manquait, je me trouvais inférieur et gauche en tout dans une société que je jugeais triste et maussade, p.32

, Selon cette logique imaginaire, l'idéal doit se réaliser ou tout s'effondre : « Il faut convenir que la chute était grande, affreuse. Et c'était un jeune homme de seize ans et demi, une des âmes les moins raisonnables et les plus passionnées que j'aie jamais rencontrées qui l'éprouvait !, p.33

, Puisque rien n'est plus possible -ni le retour à Grenoble 35 , ni les études polytechniques, ni le bonheur parisien tant idéalisé -, le corps interroge le sujet par la maladie et le force à réagir. Ce que souligne ici le narrateur quand il fait le lien entre « désappointement » (898) et souffrance physique (les maux d'estomac et la pleurésie que le corps exhibe en réponse aux « contraintes morales ») est typique de la maladie psychosomatique, de la « mauvaise santé de l'âme 36 » : lorsque l'âme ne peut plus supporter la réalité, lorsque les rêves ne suffisent plus à compenser l'âpre réalité, la maladie vient apporter une sorte de « digression » salutaire dans la linéarité sans issue de la vie ordinaire. Jean-Didier Vincent, biologiste des passions, a analysé le rôle salvateur des véroles qui terrassèrent Casanova lors des grands bouleversements de son existence 37 . La maladie est alors pour le libertin un moyen de somatiser, de déverser dans son corps cette impossibilité de continuer la vie telle qu'elle est ; elle est une solution, une réponse physique à l'impasse momentanée, un moyen d'aller de l'avant en faisant peau neuve

C. , qu'il faut comprendre le premier séjour à Paris : comme une mue (après sa maladie, HB perd « tous ses cheveux », 902), comme une seconde naissance

«. , Un homme devait être selon moi amoureux passionné et en même temps portant la joie et le mouvement dans toutes les sociétés où il se trouvait » (897). M. Crouzet analyse bien, dans cette perspective, « l'épreuve de la solitude dans une grande ville, qui est un thème du « mal du siècle », la souffrance narcissique d'être inconnu et étranger, au milieu des indifférents, Stendhal ou Monsieur Moi-Même, p.67, 2008.

«. Je-mourais-de-contrainte and D. Désappointement, de mécontentement de moi-même. Qui m'eût dit que les plus grandes joies de ma vie devaient me tomber dessus cinq mois après !

. «-ce-déplaisir-profond, Daru père m'amena le fameux docteur Portal dont la figure m'effraya. Elle avait l'air de se résigner en voyant un cadavre. [?] / J'ai appris depuis que je fus menacé d'une hydropisie de poitrine. J'eus, je pense, Il faut que je fusse bien malade, car M

, me semble, si j'avais dû n'y pas retrouver mon père et y vivre avec mon grand-père, à la bonne heure, mais libre. / Voilà à quel point mon extrême passion pour Paris était tombée. Et il m'arrivait de dire que le véritable Paris était invisible à mes yeux, « Mais aurais-je voulu retourner dans ces montagnes ? / Oui, ce

T. I. Correspondance, , p.220

J. Vincent, . Casanova, . Édition-odile, ;. Jacob, L. Paris et al., 15 : « La maladie apparaît bien souvent comme une digression dans le cours de l'existence et, mieux que tout autre, Casanova a su jouer de celle-ci pour échapper à l'ennui qu'il craint plus que la mort, 1990.