Accumulation des métaux dans les organismes marins tropicaux, application au lagon de Nouvelle-Calédonie
Résumé
Le travail présenté s’inscrit dans le cadre de la recherche d’outils biologiques permettant la surveillance de la qualité chimique du milieu côtier lagonaire en Nouvelle Calédonie. Celui ci a un double objectif : i) identifier un ensemble d’espèces macrobenthiques lagonaires susceptibles d’être utilisables en tant que bioindicateurs de contamination de l’environnement côtier par certains métaux, et ii) en utilisant conjointement ces espèces, dresser un premier bilan des apports en métaux présents sous formes dissoutes et particulaires biodisponibles dans différents sites côtiers du lagon sud-ouest.
Dans une première étape, une étude bibliographique de la biodiversité littorale en Nouvelle Calédonie a été effectuée afin de dresser une première liste des espèces lagonaires les plus communément rencontrées. Des prospections in situ sur un ensemble d’environ quatre vingt dix stations réparties dans quatre sites côtiers soumis à des apports terrigènes ou anthropiques ainsi que dans deux sites de référence relative ont ensuite été réalisées. A partir des inventaires biologiques établis et sur la base de différents critères écologiques, dix espèces relativement communes et présentant des modes de vie et des régimes alimentaires variés ont été sélectionnées : les macroalgues Lobophora variegata (Lamouroux) Womersley (Phaeophyta), Halimeda incrassata (Ellis) Lamouroux, Halimeda macroloba Decaisne, Caulerpa taxifolia (Vahl) C. Agardh et Caulerpa sertularioides (Gmelin) Howe (Chlorophyta), les bivalves Gafrarium tumidum Röding (Veneridae), Isognomon isognomon L. (Isognomonidae) et Hyotissa hyotis L. (Gryphaeidae), l’échinoderme Holothuria (Halodeima) edulis Lesson (Holothuridae) et l’octocoralliaire Sarcophyton sp. (Alcyonidae).
Dans une seconde étape, les concentrations en Al, Co, Cr, Cu, Fe, Mn, Ni et Zn présentes dans les tissus entiers de ces espèces ont été mesurées. L’étude des niveaux atteints et de la variabilité géographique des concentrations chez chaque espèce a permis d’établir que la plupart d’entre elles semblent être des candidats intéressants en tant que bioindicateurs dans la zone côtière du lagon sud-ouest de la Nouvelle-Calédonie, à l’exception toutefois de l’algue Halimeda macroloba et du bivalve Hyotissa hyotis. Les espèces les plus prometteuses semblent être l’algue Lobophora variegata et le bivalve Isognomon isognomon. L’utilisation conjointe de l’ensemble des espèces étudiées a révélé une contamination des deux baies anthropisées par différents métaux, soit Cu, Mn, Ni, Zn et dans une moindre mesure Co, Cr et Fe pour celle soumise à des rejets principalement industriels (baie de la Grande Rade) et par Zn et Cu (de moindre importance toutefois) pour celle recevant des apports urbains (baie de Sainte Marie). La présence d’apports très significatifs en Co, Cr, Fe et Ni biodisponibles a également été détectée dans les deux baies estuariennes sous influence terrigène (baies de Dumbéa et de Boulari). Sur la base de ces premiers résultats, des études expérimentales in situ et en laboratoire sont cependant nécessaires pour préciser les cinétiques d’accumulation et d’élimination des métaux ainsi que les voies préférentielles de transfert afin de valider l’utilisation de certaines de ces espèces en tant que bioindicateurs quantitatifs de contamination des milieux côtiers tropicaux par les métaux.
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