Turning Off the Courage. An Ethnography of Discouragement in the Mobilization for the Right to Stay for Medical Reasons
Éteindre le courage. Une ethnographie du découragement dans la mobilisation pour le droit au séjour pour soins
Résumé
How do you keep fighting despite repeated defeats? This thesis seeks to understand how the struggle for migrants’ rights continues in a hostile political and legislative context. At the intersection of an anthropology of migrations, emotions, and mobilizations, it focuses on the defense of the right to stay in France for medical reasons, which since 1998 has enabled migrants to be regularized for health reasons following the struggles against the deportation of HIV-positive people in the 1990s. This study analyzes the effects of the gradually increasing precariousness of this right, under which conditions sick migrants gain the right to remain in France, and above all, on the political mobilization in support of this right.
Based on a two-year ethnography of the HIV/AIDS association Aides and the inter- associative space for the defense of the right to stay for medical reasons, eighty interviews and archival research, this thesis proposes a contemporary anthropology of defeat. In contrast with despair, an emotion that was particularly studied in the 1980s-1990s in the contexts of the struggle against AIDS, it defines discouragement as a contemporary paradigm of political mobilization that emerges as a common affective state that runs through the spaces of struggle in the closing of political horizons and imaginaries. This thesis shows how discouragement arises not only from the hardening of migration policies and their restrictive everyday administrative applications but also from the reproduction of relations of domination between the subjects of a struggle that defines itself through its resistance to these dominations. The demonstration seeks to account for the diffraction of discouragement among the subjects of a mobilization, and the ways in which it is embodied on the scales of subjectivities, collective organizations and as the era of contemporary social movements.
As distinct from despair, which expresses itself in a burning, unbearable feeling that touches on values and morals, this thesis defines discouragement as a state that originates from the drying-up of the power to act and provokes a numbing of sensitivity. By ethnographing discouragement, this manuscript contributes to the analysis of the relationship between psychic economies and social and political structures. It examines the continuities and ruptures in the ways in which the relationship to defeat and loss is made sense of in left-wing struggles, with a view to distinguishing their current terms of engagement.
Comment continuer à lutter quand les défaites se répètent ? À l’intersection d’une anthropologie des migrations, des émotions et des mobilisations, cette thèse cherche à comprendre comment la lutte pour les droits des étranger·es se poursuit dans un contexte politique et législatif hostile. Elle prend pour objet d’étude la défense du droit au séjour pour soins en France hexagonale, qui permet depuis 1998 à des étranger·es d’être régularisé·es pour motif de santé, à la suite de luttes menées contre l’expulsion de personnes séropositives au VIH dans les années 1990. Elle analyse les effets de la progressive précarisation de ce droit sur les conditions du maintien des étranger·es malades en France et surtout, sur les mobilisations politiques en faveur du droit au séjour pour soins.
À partir d’une ethnographie de deux ans, conduite dans l’association de lutte contre le VIH/sida Aides et dans l’espace interassociatif de défense du droit au séjour pour soins, de quatre-vingt entretiens et de l’étude d’archives associatives, cette thèse propose une anthropologie contemporaine de la défaite. Face au désespoir, particulièrement étudié dans le champ de lutte contre le sida des années 1980-1990, elle offre un déplacement vers la définition du découragement comme paradigme contemporain des mobilisations politiques. Le découragement apparaît comme un état affectif commun qui traverse les espaces de lutte dans la fermeture des horizons et des imaginaires politiques. Cette thèse montre comment il nait à la fois du durcissement des politiques migratoires et de leur mise en application restrictive aux guichets des administrations, mais aussi de la reproduction de rapports de domination entre les sujets d’une mobilisation qui se définit en lutte contre ces dominations. La démonstration cherche à rendre compte de la diffraction du découragement chez les sujets d’une mobilisation, et des façons dont il s’incarne aux échelles des subjectivités, des organisations collectives et comme ère du temps des mouvements sociaux contemporains.
Au contraire du désespoir qui s’exprime dans une brûlure, dans un insupportable ressenti qui touche aux valeurs et à la morale, cette thèse définit le découragement comme un état qui prend sa source dans l’assèchement de la puissance d’agir et provoque un engourdissement de la sensibilité. En procédant à l’ethnographie du découragement, ce manuscrit se présente comme une contribution à l’analyse des relations entre l’économie psychique et les structures sociales et politiques. Il examine les continuités et les ruptures dans les mises en sens du rapport à la défaite et à la perte dans les luttes marquées à gauche afin d’en singulariser la teneur actuelle.
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