PENSER LE CORPS AFFECTIF COMME UN MEDIA - Université Grenoble Alpes Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue CORPS : Revue Interdisciplinaire Année : 2008

PENSER LE CORPS AFFECTIF COMME UN MEDIA

Résumé

Dans notre société occidentale, l'observation des pratiques de communication-interpersonnelle, médiée ou médiatisée-nous montre que les affects du corps sont à la fois recherchés, survalorisés ou surexploités. L'objectif de cet article est de proposer un cadre théorique et méthodologique pour l'étude de ce phénomène 1. Dans un premier temps, il s'agit d'observer la manière dont le corps et les affects ont été pensés en sciences humaines et sociales. Or, le corps et ses affects ont historiquement et majoritairement été traités séparément et, de surcroît, avec une épistémologie à dominante cognitiviste. À cet égard, les Sciences de l'Information et de la Communication (SIC) illustrent bien cette mouvance. Dans le domaine de la communication interpersonnelle, le corps est entendu comme un système de codes à déchiffrer en vue d'une meilleure compréhension des messages verbaux. Dans le domaine de la communication de masse, seuls les discours verbaux et iconiques sont analysés dans leurs dimensions émotionnelles, mais en dehors de toute relation avec un corps qui éprouve ces discours dans les processus de réception. Corps, affects et communication ont été traités séparément, ce qui ne permet pas d'analyser les pratiques des affects du corps et donc d'en comprendre les finalités et leurs conséquences sociales. Le qualificatif de non verbal (associé au para-verbal) est devenu le terme générique couramment employé pour désigner l'ensemble flou et global que forme le non-linguistique. Il y a le verbal qui est bien identifié et le non verbal, étudié en comparaison avec le verbal. Pourtant, comme le souligne M. Bernard, « l'apparence linguistique du jeu corporel autant que le silence de ses manifestations expressives sont le produit ou mieux l'artefact de l'impérialisme sémiotique du regard et surtout des discours idéologiques qui l'ont suscité et […] qui l'ont conceptualisé sous des formes multiples et faussement contradictoires » (Bernard, 1985 : 360). De l'autre côté, les affects sont étudiés en communication de masse avec une forte influence de la psychanalyse et de la psychologie sociale qui réduisent très souvent la vie affective à des pulsions et des émotions primaires. Plus en avant, les affects ont une existence en dehors d'une chair éprouvée et donc d'un sujet construit par une culture et une histoire. « Il apparaît que la plupart des recherches traditionnelles sur l'affectivité, ses dimensions communicatives et interactives, sont négligées, et ceci pour deux raisons : l'orientation avant tout grammaticale des approches linguistiques, et la conception essentialiste de l'émotion qui est généralement à leur base, celle-ci étant perçue comme une expérience avant tout intrapsychique et individuelle. Par conséquent, les modèles traditionnels de l'affectivité ne peuvent saisir et décrire adéquatement la réalité communicative des émotions » (Drescher, 2003 : 169).
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hal-01858670 , version 1 (22-08-2018)

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Citer

Fabienne Martin-Juchat. PENSER LE CORPS AFFECTIF COMME UN MEDIA . CORPS : Revue Interdisciplinaire, 2008, Le Corps mangeant, 4, pp.85-92. ⟨10.3917/corp.004.0085⟩. ⟨hal-01858670⟩

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