La ville des Alpes occidentales à l'époque romaine
Résumé
Suetonius enumerates among Caligula's projects considered as worthy for a prince the one to found a city on the top of the Alps, and opposes this project to what made him a monster (Vie de Caligula, 21). Challenging conventional wisdom that mountain areas escaped urbanisation process of Roman West, the authors presented in this volume attempted to compare the idea of an interest brought by Rome in the diffusion of urban phenomenon in the Alps to the reality of regional balances.
Confrontation needed first a balance of the spread of urbanisation in the four Roman provinces that share the mountain and the alpine cities of Narbonnensis and Gallia Cisalpina. In order to explain it, this balance has been compared to activities and specific resources of mountain areas. Beyond this, the conference proceedings raise questions on the need to match the alpine city of the Roman era to the classical definition of "roman city". Debates generated by the interpretation of a monument or a place (especially public locations related to civic life (forum, basilica) or religion) raises questions on the relevance of the priority given to legal categories. In the western Alps, the absence of protohistoric cities would be explained by the way it has been examined. In conclusion, what constitutes alpine specificity would be more the small size of cities than their existence in itself, which is common to most of mountains in different historical periods.
Suétone énumère parmi les projets de Caligula qu’il considère dignes d’un prince celui de fonder une ville au sommet des Alpes et oppose ce projet aux actes qui firent de lui un monstre (Vie de Caligula, 21). Contrevenant à l’idée reçue selon laquelle les régions de montagnes échappaient au processus d'urbanisation de l’Occident romain, l’idée d’un intérêt particulier porté par Rome à la diffusion du phénomène urbain dans les Alpes méritait d’être confrontée aux réalités de bilans régionaux. C’est ce qu’ont tenté pour les Alpes occidentales les auteurs des communications présentées dans le colloque organisé par le CRHIPA au mois d’octobre 2006.
La confrontation passait d’abord par un bilan de la diffusion de l’urbanisation dans les quatre provinces romaines qui se partagent le cœur de la chaîne (Alpes Poenines, Graies, Cottiennes et Maritimes) et dans les cités alpines de Narbonnaise et d’Italie transpadane. Pour en proposer une explication, ce bilan a été confronté aux activités et aux ressources spécifiques des espaces montagnards. Au-delà, les Actes de ce colloque amènent à s’interroger sur la nécessité de faire correspondre la ville alpine d'époque romaine à la définition classique de la « ville romaine ». Les débats suscités par l'interprétation de tel ou tel monument ou de telle ou telle place – en particulier les lieux publics liés à la vie civique (forum, basiliques) ou à la religion –, conduisent ainsi à s'interroger sur la pertinence de la priorité accordée aux catégories juridiques. Dans les Alpes occidentales, l'absence de ville protohistorique s'expliquerait par la manière dont la question a été posée. En définitive, ce qui constituerait la spécificité alpine serait moins l’existence de villes que leur petite taille, caractéristique que ce massif partage avec la plupart des montagnes aux différentes périodes de l’histoire.