Les Lupercales, rite urbain et fête populaire, les avatars d'une célébration séculaire
Résumé
Les Lupercales appartiennent à la tradition la plus archaïque, au point que leur signification religieuse n’apparaît déjà plus très clairement aux contemporains de César. Pourtant, l’attachement des Romains est indéniable. Ils continuent à célébrer ce rite au Ve siècle, alors que le pouvoir politique a marginalisé le paganisme et qu’euxmêmes ont embrassé la foi chrétienne. La hiérarchie ecclésiastique a dû lutter énergiquement contre ces pratiques. Il y a là, bien sûr, un enjeu religieux : l’éradication de la superstitio (le respect scrupuleux des rites qui constituait la charpente de la religiosité païenne) et celle des superstitions (la croyance dans les daimones). Mais la fidélité des habitants de la Ville dépasse cette question. Elle s’explique, d’une part, par le
caractère identitaire d’une fête qui est liée explicitement à l’existence et à la sauvegarde de la communauté, ce qui s’est prêté aux utilisations politiques, et, d’autre part, par son évolution sociale qui l’apparente à des réjouissances populaires, pour lesquelles le pouvoir à Rome, quel qu’il soit, a toujours nourri la plus profonde méfiance.